Cosa nostra1 by John Dickie

Cosa nostra1 by John Dickie

Auteur:John Dickie [Dickie, John]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: BUCHET CHASTEL
Publié: 2014-12-09T00:00:00+00:00


Quand la prohibition fut abolie, l’Amérique avait déjà sombré depuis quatre ans dans la Grande Dépression. Le crime organisé survécut à ce changement en grande partie grâce à l’industrie du jeu. Nick Gentile, par exemple, profita de l’essor de cette industrie : il prit des parts de marché dans une maison de jeu de Little Italy.

Mais la fin de la prohibition vit aussi l’opinion publique se durcir contre le crime organisé. Or, que ce soit en Amérique ou en Sicile, la Mafia n’existerait pas sans liens avec le monde politique. À la convention du parti démocrate à Chicago en 1932, Frank Costello partagea une suite luxueuse au Drake Hotel avec le dirigeant de la 11e circonscription de Manhattan. Lucky Luciano en partagea une autre avec le chef de file démocrate de la 2e circonscription de New York. Mais contrairement à l’Italie d’avant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis étaient une démocratie. La compétition pour le pouvoir y était plus ouverte ; il était presque aussi facile de construire une carrière politique fondée sur une croisade contre le crime que d’utiliser les pouvoirs de collecteurs de votes des gangsters. Les films hollywoodiens des années 1930 rendent avec exactitude le changement d’attitude du public et des tactiques politiques à la fin de la prohibition. Après les films de gangsters du début des années 1930, tels Little Cesar (1931) et Scarface (1932), Hollywood commença à produire un cinéma vantant les exploits des hommes chargés de faire respecter la loi ; James Cagney, qui avait joué un voyou dans L’Ennemi public en 1931, devint agent du FBI dans G Men, en 1935. Fiorello La Guardia, élu maire de New York en 1933, entreprit de chasser les machines à sous illégales de Frank Costello hors de la ville. Ce dernier ne s’en inquiéta pas outre mesure : il déménagea à La Nouvelle-Orléans où le sénateur Huey Long l’avait invité à venir partager les revenus des salles de jeu clandestines

La nomination, en 1935, de Thomas E. Dewey en tant que chef du parquet de l’État de New York fut un coup dur pour le crime organisé. Par deux fois, Dewey se présenta sans succès comme candidat républicain à la présidence des États-Unis, appuyant sa campagne sur ses prouesses hypermédiatisées contre les malfaiteurs. En 1941, il fut élu gouverneur de l’État de New York.

La nouvelle campagne antigangsters fit quelques victimes célèbres : Arthur « Dutch Schultz » Flegenheimer, l’un des lieutenants de Luciano, roi des paris clandestins de Harlem, subit des pressions de toutes sortes. Il eut à faire face à un nombre croissant d’assignations en justice et dut se défendre des accusations d’évasion fiscale lancées par Dewey. Ses protecteurs politiques avaient besoin de plus en plus d’argent pour répondre au défi des candidats républicains. Peu à peu, Dutch Schultz perdit son emprise sur ceux qui organisaient des loteries de rues ; il fut abattu en octobre 1935 au Palace Chop House de Newark. Dewey finit par coincer Luciano, qui écopa d’une peine de trente à cinquante ans de prison pour proxénétisme (voir le chapitre suivant).



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